Rue du Pélicot, à trois mâts de Surcouf,
un goéland assis tranquillement sur un pouf
n'a pas ouvert le bec pour me demander
un poisson d'entrée à la maison internationale
des poètes et des écrivains.
Il faut vous dire que j'avais laissé au long cours
de l'été 2001 à la bibliothèque un recueil de poésie
sans prétention, comme "à la limite du désert".
J'y reviens aujourd"hui, tel le Bédouin qui sait
que l'oasis des autres sera toujours plus grande
que sa vie. Et, miracle de la civilisation, je tombe
sur le livre d'Erri De Luca, poète italien né à Naples
en 1950, qui fait vivre l'Aller simple des émigrés
africains tentant sur leurs bateaux d'infortune
de chausser la Botte de l'Europe :
"Anche il niente si fanno bastare
dormono nelle tempeste
con il pollice in bocca come cena" ;
"Ils se contentent même de rien
ils dorment dans les tempêtes
le pouce à la bouche pour dîner"
(traduction : Danièle Valin).