Ma petite maman a souvent les yeux fermés
quand je viens la voir. J'ouvre la dernière paume
de son corps pour y glisser ma ligne de cœur.
Ma petite maman a souvent les yeux fermés
quand je viens la voir. J'ouvre la dernière paume
de son corps pour y glisser ma ligne de cœur.
Nico, lunettes noires, fixe
en terrasse une petite danoise.
Elle devine sa pluie blanche ; la rixe
éclate d'un regard et s'ajoute à l'ardoise.
Souvenir de l'été 1982 en Scandinavie
Au dernier chalet de Bonneval,
l'ancêtre pète tout son chou ;
le pantalon des neiges d'antan
troue la couche d'ozone.
La femme, qui sert la soupe
sans ajouter de grimace,
sait qu'il n'y en a pas deux
comme son mari à la fenêtre de tir.
Le rire pleut auprès du poêle ;
changer d'atmosphère n'atteindrait pas les étoiles.
Mon père ne prend pas toujours
la température de la faculté de médecine ;
ma mère a retrouvé sa serviette,
au détour de la cuisine.
Mon père prend la tension du champ
de courses ; la fièvre des chevaux
le décoiffe à l'ombre du poteau.
Grand soleil, un ticket gagnant
efface tous les autres. Mon père
a séché les cours, la famille
arrosera son succès en retour.
Samedi soir d'hiver, je suis bon
pour l'exemple ; l'écran de ma chambre
me transporte en été au Chili.
L'hippodrome de Concepción
vaut bien quelques paris.
Les pertes et les gains s'équilibrent,
le cœur reste en selle ;
mon père et ses parents
dansent chez l'Éternel.
C'est pas Homme possible ! ;
le sang de l'Armée rouge se glace
dès l'entrée au camp d'Auschwitz.
Mon frère en lambeaux
de chair, pardonne-moi
le cœur et les bras tardifs.
Depuis l'autre monde, des âmes
par millions hurlent sur la bête
immonde et nous blâment.